Ligne 14 of the Dead
/ 08/02/2007
Rapide et fluide, violette et high tech, la ligne 14 traverse Paris en un éclair. Elle me mène, chaque matin, de la Gare de Lyon à Saint-Lazare. Dépourvue de chauffeur humain et hantée par des voyageurs plus morts que vivants, elle semble filer vers un monde perdu.« Gare de Lyon…. Gaaaare de Lyon…. Pppssshh ». Les starting-blocks du RER A libèrent les voyageurs. Entassés dans le meilleur wagon, celui qui ouvre ses portes pilepoil devant l’escalator de la ligne 14, les hommes et femmes-sardines battent des nageoires pour la pôle position. Tout le monde est en apnée. Sans une parole ni un regard, tous ces spermatozoïdes filent vers l’ovule qu’est leur entreprise. Parce qu’à Paris, c’est tout ce qui compte, la carrière.
On peut percevoir quelques râles entre les compétiteurs. Possédés par l’horloge, les retardataires sont les plus animaux. Ils en viendraient aux mains, pour peu. Les assidus, eux, s’enferment dans leur bulle sonore ; les nouvelles technologies leur ont offert – enfin ! - l’isolement suprême. Pour d’autres, c’est « 20 minutes » de bonheur. Ils ingurgitent avec délectation les nouvelles pré-digérées du jour. Quel régal ! À chaque trajet, son nouveau gratuit : chaque voyageur sait désormais qui il est, ou du moins, il se sait différent des autres. Mais bref, l’heure tourne, ne nous égarons pas…
« Saint-Lazare… Saint-Lazare… Tous les voyageurs sont invités à descendre ». La jugulaire se divise en plusieurs veines et laisse place à de nouvelles histoires.
C’est aussi ça le rêve de la capitale, vous savez, l’idéal que nous inculquent les « grands » de ce monde.



Bientot ils seront en D2
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